Les Bozarts

de l'Abbevillois

école des beaux arts – christian dupuis

Christian DupuisDu 1er avril au 24 mai 2013

Christian Dupuis – exposition

La peinture de Christian Dupuis nous touche ! C’est un fait suffisamment rare pour être signalé ! En effet, de nombreuses personnes (des artistes?) exhibent leurs « belles images » les bras grands ouverts à notre regard ! Des bras qu’elles ne referment pas car elles n’ont en vérité aucune étreinte à offrir, rien qui s’apparente à un désir d’échange, à une envie de partager… A contrario, Christian Dupuis nous offre ses œuvres, il nous en laisse la jouissance, l’usufruit en toute simplicité et en toute générosité. Sa peinture est de celle qui peut vivre sa vie, qui peut s’affranchir de la présence du maître Christian Dupuis l’a richement dotée et nos regards l’épousent sans hésitation, plongeant dans l’épaisseur de l’image, ce contenant immatériel qui transcende l’apparence en la connectant directement à notre âme. La simple image se fait ainsi œuvre. L’oeuvre d’art est une combinaison complexe d’éléments que l’artiste doit nourrir ! Il la nourrit de son expérience, de son savoir faire et de son savoir être. Il la nourrit de sa pensée, de ses questionnements. Il la nourrit aussi de ce qu’il empreinte respectueusement aux autres artistes, à ceux qui l’ont précédé et dont, d’une certaine manière, il prolonge l’oeuvre, en la développant, en se la réappropriant et en la transfigurant. Le créateur inscrit ainsi son travail dans un continuum artistique. Christian Dupuis annonce la couleur sans faux-fuyant : il plonge les racines de son processus créatif dans l’oeuvre de ses maîtres que sont le hollandais Frans Hals et les américains David Hockney et Edwin parker Twonbly . Ces artistes ne sont bien évidemment pas les seuls à influencer son travail, mais Christian Dupuis trouve chez eux depuis de nombreuses années de quoi alimenter ses recherches. Chez Frans Hals, portraitiste du 17e siecle, contemporain de Rembrandt et Vermer, il apprécie la manière de figurer l’humain, d’en dépeindre plus que l’apparence, de suggérer ce qui à-priori ne se distingue pas. Avec Edwin Parker Twonbly, Christian Dupuis partage une fascination pour la ligne, la trace, les tâches et les mots qui surgissent sur la toile. Et enfin dans l’œuvre de David Hocknek, autant que sa palette, Christian Dupuis retient son art de structurer l’espace bidimensionnel de la toile en utilisant les lignes imposées par le matériel architectural du sujet dans la série des « Piscines» notamment. Aux origines de son œuvre il y a donc les influences. Il y a aussi des thèmes qui lui sont chers, un peu disparates et semblant ne pas se répondre, tels que : l’ Egypte, l’Afrique, les casses de voitures et les boites de soda écrasées… Des thèmes qui se rejoignent néanmoins dans sa peinture, qui se recoupent et se télescopent avec un dénominateur commun : la trace. La trace en tant que ce qui reste de ce qui a été. La trace en tant qu’image d’un devenir. La trace en tant que matérialisation d’un rapport au temps qui passe. Christian Dupuis se laisse entraîner par ses sujets, il accepte de les traiter gentiment pour commencer, il se laisse happer tout d’abord par un système de représentation figuratif sans opposer de résistance aux images un peu faciles qui s’offrent à lui, qui s’imposent malgré lui. Il sait que tel n’est pas le résultat escompté, mais il a compris avec le temps qu’il devait emprunter ce chemin pour pouvoir se débarrasser de ses premières fausses bonnes idées, qu’il devait absolument les ronger, les user, les corroder ! Il élague donc, il taille dans le gras pour se rapprocher petit à petit de ce qui lui semble juste, de ce qui le touche tout en laissant dériver sa pratique au gré de l’inconnu, vers d’improbables rivages… il se perd volontiers dans un dédale de ruelles, le regard aux aguets, à la recherche des mystères que voudra bien lui livrer le hasard. Ainsi travaille Christian Dupuis, il s’élance avec dans son sac une somme d’éléments essentiels, il plonge dans son processus créatif et se laisse porter par les rencontres aléatoires que lui souffle sa pensée. Il lui faut ensuite choisir de s’arrêter ou de continuer… C’est là toute la difficulté de l’exercice qui combine les références, le savoir-faire et un certain laisser-aller…


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